L'histoire du design d'interface

Découvrez l'histoire du design d'interface, des premiers ordinateurs aux smartphones d'aujourd'hui. Un demi-siècle d'innovations qui ont rendu la technologie toujours plus accessible et centrée sur l'humain.
Par
Antoine
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le
22/5/2024
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Le design d'interface, façonne discrètement mais profondément notre rapport au numérique. Des premiers ordinateurs au dernier smartphone, cette discipline n'a cessé d'évoluer pour rendre la technologie toujours plus accessible et intuitive.

Cette quête de la symbiose entre l'homme et la machine a été portée par des générations de designers visionnaires. Des pionniers comme Douglas Engelbart aux spécialistes actuels de l'expérience utilisateur (UX), tous ont œuvré pour humaniser nos interfaces.

Leurs innovations ont métamorphosé notre quotidien numérique. Des lignes de commande absconses des débuts à la fluidité tactile et vocale d'aujourd'hui, le chemin parcouru est immense. Mais il reflète aussi notre compréhension croissante de l'humain et de ses besoins.

Découvrons comment, en un demi-siècle, cette discipline a révolutionné notre relation aux machines.

Années 1960-1970 : Les pionniers du design d'interface

Les années 60 et 70 ont posé les jalons du design d'interface moderne. En 1968, Douglas Engelbart, pionnier de l'informatique, présente le NLS lors de ce qui sera plus tard appelé "la mère de toutes les démos". Le NLS intègre des concepts révolutionnaires pour l'époque : fenêtres, hyperliens, souris, collaborativité... Même si son interface reste rudimentaire, Engelbart ouvre la voie à une nouvelle façon d'interagir avec l'ordinateur.

Mais c'est véritablement au Xerox PARC (Palo Alto Research Center) que s'écrit la genèse de nos interfaces graphiques. Dans ce laboratoire visionnaire, une équipe de chercheurs menée par Alan Kay et Larry Tesler invente en 1973 l'ordinateur Xerox Alto. Son interface introduit le paradigme WIMP :

  • Windows : les fenêtres permettent d'afficher simultanément différents contenus à l'écran.
  • Icons : les icônes représentent visuellement fichiers, dossiers et applications.
  • Menus : les commandes sont accessibles via des menus déroulants.
  • Pointing device : la souris, inventée quelques années plus tôt par Engelbart, permet de pointer et cliquer.

L'Alto intègre également la métaphore du bureau, une innovation conceptuelle majeure. L'écran devient un bureau virtuel, avec ses dossiers, ses documents, sa corbeille... Cette analogie avec le monde réel rend l'ordinateur plus intuitif et moins intimidant. L'utilisateur manipule des objets familiers, transfère ses compétences du réel au virtuel.

Bien que restée confidentielle, l'interface de l'Alto influencera profondément l'industrie. Steve Jobs, lors d'une visite au PARC en 1979, y voit le futur de l'informatique. Les idées du PARC irrigueront les interfaces du Lisa, puis du Macintosh. Le paradigme WIMP et la métaphore du bureau, véritables ADN de nos interfaces modernes, prouvent la clairvoyance des pionniers du PARC.

Interface du Xerox Alto de 1973

Années 1980 : L'interface grand public

Dans les années 80, Apple joue un rôle important dans la démocratisation des interfaces graphiques. Après le Lisa en 1983, le Macintosh, lancé en 1984, marque un véritable tournant. Avec son écran noir et blanc de 9 pouces, sa souris à un bouton et ses 128 Ko de RAM, il peut sembler modeste selon nos standards actuels. Mais son interface, directement inspirée des travaux du Xerox PARC, est révolutionnaire pour l'époque.

Le Macintosh OS intègre tous les ingrédients d'une expérience utilisateur conviviale et cohérente. Les fenêtres, délimitées par des cadres, peuvent être déplacées et redimensionnées. Les icônes, dessinées par Susan Kare, représentent de manière intuitive fichiers et applications. Quant aux menus déroulants, accessibles en permanence en haut de l'écran, ils offrent une navigation simple et consistante.

Cette cohérence de l'interface, où chaque élément a une apparence et un comportement prévisible, réduit la courbe d'apprentissage. L'utilisateur, rassuré par un environnement stable et familier, explore plus facilement les fonctionnalités offertes. La simplicité est également au rendez-vous : un nombre limité de commandes et de gestes suffisent à interagir avec le système.

Mais la véritable force du Macintosh réside dans l'affordance de son interface. Les éléments graphiques suggèrent visuellement leur usage : les boutons invitent au clic, les barres de défilement appellent à être "glissées", les icônes à être déplacées... L'utilisateur devine intuitivement comment interagir avec ces objets virtuels qui miment le comportement d'objets réels.

Le succès du Macintosh poussera Microsoft à développer son propre système à interface graphique, Windows. Si la première version en 1985 reste rudimentaire, les suivantes affineront le concept pour toucher un large public. La bataille entre Mac OS et Windows contribuera à populariser les interfaces graphiques et les rendre incontournables.

Les principes de cohérence, simplicité et affordance, incarnés par le Macintosh, deviendront les piliers du design d'interface. Aujourd'hui encore, concepteurs et développeurs s'efforcent de créer des interfaces intuitives et homogènes, qui guident subtilement l'utilisateur. Car une bonne interface se fait oublier pour laisser place à l'essentiel : l'interaction entre l'homme et la machine.

Années 1990 : Le Web et ses défis

L'émergence du World Wide Web dans les années 90 marque un tournant majeur pour le design d'interface. Mosaic, développé en 1993 au NCSA, devient le premier navigateur Web graphique largement adopté. Son interface, bien que rudimentaire, permet de naviguer visuellement entre les pages à l'aide d'hyperliens, une révolution à l'époque. Netscape Navigator, lancé peu après, perfectionnera le concept et dominera le marché jusqu'à l'arrivée d'Internet Explorer.

Mais concevoir des interfaces pour le Web pose de nouveaux défis aux designers. Contrairement aux applications natives, sur lesquelles ils ont un contrôle total, les sites Web doivent composer avec les limitations des navigateurs et du HTML. Les liens hypertextes, cœur de la navigation Web, nécessitent un soin particulier. Leur emplacement, leur formulation, leur couleur doivent être choisis avec soin pour guider l'utilisateur sans le perturber.

La diversité des utilisateurs et des configurations est également un enjeu majeur. Là où les applications desktop s'adressent souvent à un public ciblé, les sites Web touchent une audience bien plus large et hétérogène. Différentes résolutions d'écran, navigateurs, vitesses de connexion... Les designers doivent créer des interfaces adaptables et résilientes, qui assureront une expérience cohérente malgré ces variables.

Pour répondre à ces défis, des experts comme Jakob Nielsen, gourou de l'utilisabilité, proposent des lignes directrices. Ses "10 heuristiques de l'utilisabilité", publiées en 1994, posent les bases d'un Web centré sur l'utilisateur : dialogues simples et naturels, langage familier, liberté de contrôle, cohérence et standards... Autant de principes qui guideront les designers Web pendant des années.

Nielsen insiste également sur l'importance des tests utilisateurs, indispensables pour valider l'ergonomie d'un site. Observer de vrais utilisateurs en situation, c'est identifier concrètement les points de friction et les opportunités d'amélioration. Une approche empirique et itérative qui préfigure les méthodes de conception centrée utilisateur (UCD) appliquées aujourd'hui.

Au fil des années, le design Web s'affine au gré des avancées technologiques (CSS, JavaScript, responsive design...) mais aussi d'une meilleure compréhension des usages. Les principes de Nielsen restent d'actualité, enrichis par de nouvelles approches comme l'expérience utilisateur (UX) ou le design émotionnel. Concevoir pour le Web, c'est plus que jamais créer des interfaces au service de l'utilisateur, quel que soit son profil ou son dispositif.

Années 2000 : Mobile et expérience utilisateur

L'iPhone, dévoilé par Steve Jobs en 2007, marque un véritable séisme dans le monde du design d'interface mobile. Là où les smartphones de l'époque, comme le BlackBerry ou le Palm, s'articulent autour d'un clavier physique, l'iPhone mise tout sur son écran tactile multipoint. Une innovation matérielle qui appelle une révolution logicielle : l'interface utilisateur de l'iPhone, sobre et épurée, est pensée pour le doigt. Les boutons, généreux et bien espacés, sont faciles à toucher. Le défilement inertiel donne l'impression de manipuler directement le contenu. Quant au "pinch-to-zoom", il devient vite un geste universel pour zoomer et dézoomer.

Mais la véritable force de l'iPhone réside dans la cohérence et l'intuitivité de son interface. Les interactions, limitées à quelques gestes simples (tap, swipe, pinch...), sont consistantes d'une application à l'autre. L'utilisateur, une fois ces gestes naturalisés, navigue dans le système avec fluidité. Chaque pixel de l'interface est pensé pour offrir une expérience intuitive et satisfaisante, qui masque la complexité technologique sous-jacente.

Avec l'iPhone, le design d'interface devient indissociable de l'expérience utilisateur (UX). Concevoir une interface efficace, c'est comprendre les besoins, les objectifs et le parcours de l'utilisateur. Les designers UX s'appuient sur des personas, des scénarios d'usage, des tests utilisateurs pour créer des interfaces qui répondent aux attentes des utilisateurs. L'objectif n'est plus seulement l'utilisabilité, mais l'engagement, le plaisir d'utilisation.

L'essor des smartphones, dans le sillage de l'iPhone, pose également un nouveau défi : l'adaptabilité des interfaces. Avec la multiplication des tailles et résolutions d'écran, concevoir une interface fixe n'est plus viable. Le responsive design, théorisé par Ethan Marcotte en 2010, apporte une solution. Grâce aux media queries CSS et à un agencement fluide, les interfaces s'adaptent automatiquement à la taille de l'écran. Le contenu se réorganise, les images se redimensionnent, offrant une expérience optimale quelle que soit la configuration.

Aujourd'hui, le design d'interface mobile, influencé par l'iPhone, tend vers toujours plus de minimalisme et d'intuitivité. Des interfaces comme celle de Google Maps ou de Spotify, saluées pour leur efficacité et leur élégance, montrent la voie. Mais de nouveaux défis émergent, comme la conception pour les montres connectées, les interfaces vocales ou la réalité augmentée. Une chose est sûre : placer l'utilisateur au centre de la conception restera, comme l'a prouvé l'iPhone, la clé d'une expérience réussie.

Tendances actuelles et futures du design d'interfaces

Au fil des années, le design d'interface a évolué d'une approche centrée sur la technologie à une approche centrée sur l'humain. Aujourd'hui, les designers cherchent à créer des interfaces qui non seulement facilitent les tâches, mais aussi engagent émotionnellement l'utilisateur. Le design émotionnel, théorisé par Don Norman dans son livre éponyme, vise à susciter des émotions positives qui amélioreront l'expérience utilisateur et créeront un attachement à long terme.

Les interfaces s'humanisent, avec des éléments de personnalisation qui les rendent plus intimes et adaptées à chaque utilisateur. Netflix qui suggère des films en fonction de vos préférences, Spotify qui vous crée des playlists personnalisées, Waze qui vous salue avec votre prénom... Autant d'exemples d'interfaces qui cherchent à nouer une relation plus personnelle avec l'utilisateur.

Cette humanisation passe également par une diversification des modes d'interaction. Les interfaces vocales, comme Siri, Alexa ou Google Assistant, permettent une interaction plus naturelle et conversationnelle. Les interfaces gestuelles, popularisées par le Kinect de Microsoft ou le Leap Motion, offrent un contrôle intuitif par le mouvement. Quant à la réalité augmentée et la réalité virtuelle, elles promettent des expériences immersives où le numérique se mêle harmonieusement au réel.

L'essor de l'intelligence artificielle laisse entrevoir des interfaces encore plus "intelligentes", capables d'anticiper nos besoins et d'y répondre de manière proactive. Des assistants personnels qui organisent proactivement notre journée aux chatbots qui nous guident dans nos démarches, l'IA promet des interfaces plus fluides et efficientes.

Rabbit R1, smartphone utilisant principalement des interfactions vocales pour ses interactions

Mais cette évolution technologique ne doit pas faire oublier l'impératif d'accessibilité et d'inclusivité. Avec la digitalisation croissante de notre société, assurer l'accès de tous aux services numériques devient un enjeu sociétal majeur. Les designers ont un rôle clé à jouer, en créant des interfaces qui s'adaptent aux différentes capacités sensorielles, motrices et cognitives. Des contrastes élevés pour les malvoyants aux sous-titres pour les malentendants en passant par une navigation simplifiée pour les personnes peu à l'aise avec le numérique, chaque détail compte pour créer des interfaces réellement inclusives.

Le futur du design d'interface sera sans doute encore plus centré sur l'humain, avec des interfaces toujours plus naturelles, empathiques et adaptatives. Mais cette quête de l'expérience utilisateur optimale ne devra pas se faire au détriment de l'éthique et de l'accessibilité. L'enjeu, pour les designers, sera de créer des interfaces qui mettent la technologie au service de tous et contribuent à un numérique plus humain et inclusif.

Conclusion

En un demi-siècle, le design d'interface a connu une évolution remarquable. Des premiers ordinateurs, intimidants et réservés aux experts, aux smartphones intuitifs d'aujourd'hui, le chemin parcouru est immense. Chaque étape a marqué un rapprochement entre l'homme et la machine, une volonté de rendre la technologie plus accessible, plus conviviale, plus humaine.

Des pionniers comme Douglas Engelbart et les chercheurs du Xerox PARC ont posé les fondations en introduisant des concepts visionnaires comme la souris, les fenêtres ou les icônes. Apple, avec le Macintosh, a démocratisé ces innovations en les intégrant dans un système cohérent et abordable. Le Web a ensuite ouvert de nouveaux horizons, poussant les designers à créer des interfaces adaptables et centrées sur l'utilisateur.

Avec le smartphone et l'essor de l'UX, le design d'interface est devenu indissociable de l'expérience utilisateur. Plus qu'un simple outil, l'interface est désormais pensée comme un compagnon du quotidien, qui doit susciter des émotions positives et s'adapter à chaque individu. L'IA et les nouvelles modalités d'interaction comme la voix ou la gestuelle ouvrent la voie à des interfaces toujours plus naturelles et proactives.

Mais cette quête de l'expérience utilisateur parfaite ne doit pas faire oublier l'importance de l'accessibilité et de l'inclusivité. À l'heure où le numérique devient incontournable dans tous les aspects de nos vies, il est crucial que les interfaces soient conçues pour tous, quelles que soient les capacités ou les contraintes de chacun.

L'histoire du design d'interface est finalement celle d'un rapprochement entre l'homme et la technologie. D'une interaction froide et complexe, nous sommes passés à une relation plus fluide, naturelle, émotionnelle. Les interfaces, autrefois barrières, sont devenues des passerelles vers un monde numérique toujours plus vaste et riche.

Cette évolution est loin d'être terminée. Les progrès technologiques et notre compréhension sans cesse affinée de l'humain ouvrent sans cesse de nouvelles possibilités. Demain, les designers continueront d'imaginer des interfaces qui s'effacent pour laisser place à l'essentiel : une relation harmonieuse et enrichissante entre l'homme et la technologie. Des interfaces au service de l'humain, qui élèvent et émancipent plutôt qu'elles ne contraignent ou excluent.

Car au-delà des pixels et des algorithmes, concevoir une interface c'est façonner notre rapport au monde numérique. C'est dessiner les contours d'un futur où la technologie, loin d'être une fin en soi, est un moyen de nous rendre plus créatifs, plus connectés, plus humains.

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